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BIOGRAPHIE

de Ste RAFQA

Moniale Libanaise Maronite

1832-1914

I - Enfance et jeunesse

II - Vocation monacale

III - Le premier miracle

 

 I - ENFANCE ET JEUNESSE

Née le 28 Juin 1832, la vigile des Saints Pierre et Paul, nommée Pierrette, à Himlaya, près de Bikfaya.

Sa mère, Rafqa, mourut, elle avait sept ans. Son père, Mourad, l'envoya à Damas chez ses amis, la famille d'El-Badwi. A l'âge de 14 ans, elle est revenue au Liban, trouvant que son père s'est remarié...

 

II - VOCATION MONACALE

A - DANS LA CONGREGATION DES MARIAMATES

Le curé Joseph El-Gemayel l'aida à entrer dans la Congrégation des Mariamâtes à Bikfaya. Devenue religieuse, le 10 février 1856, elle fut chargée de la cuisine au séminaire de Ghazir, 7 ans durant...

Elle enseigna pour deux ans à Deir El-Qamar (1860-1862), un an à Byblos (1863), sept ans au village de Maad, dans la région de Byblos (1864-1871).

Elle a appris, en 1871, la décision de la fusion de sa congrégation "Les Mariamâtes" avec celle du "Sacré-Cœur" en une: "les Saints-Cœurs".

Elle est rentrée à l'église Saint-Georges, à Maad, priant et demandant au Seigneur de l'orienter pour la bonne décision.

 

 

B - RAFQA : MONIALE LIBANAISE MARONITE

Le soir même, elle vit en songe, trois hommes: un moine à barbe blanche et une canne en main (S. Antoine le Grand), un soldat aux habits militaires (S. Georges) et un vieillard (S. Simon le stylite). Le moine s'est approché d'elle, la poussant avec sa canne, lui dit: "Entre dans l'Ordre Libanais Baladite" (actuellement: l'Ordre Libanais Maronite).

 

C - AU MONASTERE SAINT SIMON AL-QARN - AYTOU

Le lendemain, très contente, elle décida d'aller au monastère Saint-Simon le Stylite à Aytou, Liban-Nord. Le 12 juillet 1871, Agée de 39 ans, elle fit un an de noviciat. Le 25 août 1872, elle prit le voile et aussi le nom de sa mère "Rafqa".

 

D - DEBUT DES SOUFFRANCES

Le premier dimanche d'octobre 1885, dimanche du Saint Rosaire, Rafqa priait devant le Saint Sacrement, s'adressant au Seigneur en ces paroles: "Pourquoi, mon Dieu, vous éloignez-vous de moi, et vous m'abandonnez? Pourquoi est-ce que vous ne me visitez pas par une maladie, m'auriez-vous oubliée?".

Au moment de dormir, elle éprouva une très forte douleur à la tête, qui se propageait au-dessus de ses yeux...

Un médecin à Tripoli lui fit une sonde, une ponction allant d'une oreille à l'autre, Rafqa répéta: "en communion avec les souffrances du Christ".

Un médecin américain à Byblos jugea qu'une opération de l'œil droit était nécessaire. Elle a refusé l'anesthésie. En lui faisant l'opération, il a arraché son œil qui tomba devant elle à terre, palpitant. Rafqa disait: "Avec la passion du Christ. Que Dieu garde vos mains. Que Dieu vous récompense!".

Un médecin de l'armée à Batroun, l'ayant examinée, dit: "La douleur dont cette moniale souffre aux yeux est indescriptible, car elle est dans le nerf optique, et sa guérison est impossible".

Lorsque la douleur devenait plus aiguë, elle répétait: "Pour la gloire de Dieu, en communion avec la passion du Christ..., avec la couronne d'épines de votre tête, Seigneur".

 

E - FONDATION DU MONASTERE SAINT-JOSEPH - JRABTA

Au monastère Saint-Simon El-Qarn, sœur Ursula Doumit fut atteinte de rhumatisme articulaire, les médecins lui prescrivirent de vivre sur le littoral.

Sr. Ursula avait un frère, à Maad, le père Ignace, qui décida de fonder un monastère pour les moniales à Jrabta, dans le discrit de Batroun; le curé Jean Basbous fit don de ses terrains pour la réalisation de ce projet.

Le 3 novembre 1897, le patriarche Jean El-Hage autorisa six moniales qui ont voulu vivre une vie communautaire, sous la protection de Saint-Joseph, de se transférer du monastère Saint-Simon El-Qarn au nouveau monastère, Saint-Joseph El-Dahr, à Jrabta. L'une d'elles fut sœur Rafqa, car les sœurs étaient attachées à elle, comme des filles à leur mère, et espéraient la prospérité pour leur nouveau monastère, grâce à ses prières et aux bons exemples qu'elle donnait aux moniales.

Deux ans après l'arrivée au monastère Saint-Joseph, Rafqa devint complètement aveugle. Après sa cécité, elle sentait une douleur atroce dans les orteils et toutes ses articulations. Elle se disloquait et gardait le lit.

La hanche droite se déboîta, l'os sortit de sa cavité, recula et se perdit dans son corps. Sa jambe droite se raidit de toute sa longueur. Elle ne peut plus la remuer, ni la plier; il en fut de même pour la rotule de son genoux droit.

La hanche de sa jambe gauche se déboîta aussi, perça la peau et sortit. Une grande cavité s'était ouverte sous son omoplate gauche. La clavicule droite déchira la peau. L'épaule et le bras furent paralysés, un creux profond s'effectua entre les épaules. Elle fut marquée d'une plaie qui saignait durant cinq ans.

Son corps devint aride et sec, sa peau très mince. En somme: un squelette à peu près décharné, et tous ses membres, disloqués, désarticulés. Aucun membre n'était sain, à l'exception des articulations de ses mains, dont elle se servait pour tricoter des bas de laine.

Selon le jugement des médecins, Rafqa était atteinte d'une "Tuberculose ostéo-articulaire". Elle demeura sept ans couchée dans son lit, uniquement sur son côté droit, son épaule gauche ne touchant pas le matelas, sa tête appuyée sur un oreiller.

Quand on devait faire son lit, ou la prendre à l'Eglise, il fallait l'aide de quatre moniales. Elles la portaient, avec précaution, dans le drap. Elles n'osaient pas la déposer par terre, de peur que ses membres ne se séparent et ne s'éparpillent.

Rafqa répétait toujours: "Mes sœurs, n'oubliez pas la sixième plaie du Christ: la plaie de son épaule! Cette plaie a été très douloureuse, parce qu'elle a porté la croix de nos péchés. Rafqa priait jour et nuit, et six fois par jour le Notre Père et le Je vous Salue Marie pour les 6 plaies de Jésus.

Rafqa préférait Dieu à tout, pour lui elle souffrait. Elle disait aux moniales: "Mes sœurs, faites des communions spirituelles autant que vous pouvez, même jusqu'à mille par jour". Elle avait une grande dévotion à la très Sainte Vierge Marie. Elle était douce, calme, toujours paisible. Son cœur était d'une grande simplicité.

 

On lisait, sur sa figure, son humilité et sa douceur, elle disait une fois à sœur Marîna, qui la soignait: "Ma sœur, t'es-tu lavée les pieds?". "Non, lui répond-elle". Rafqa ajoute: "Fais-le, afin que je boive cette eau car je te fais souffrir depuis 27 ans, tu me soignes et me sers, et moi je suis incapable de te remercier ou de te payer, et ce serait peu, si je buvais l'eau avec laquelle tu te laves les pieds, en signe de reconnaissance".

Rafqa expliquait les règles et les vertus monacales à ses sœurs et enseignait aux novices les prières du bréviaire en syriaque et les chants, car elle avait une très belle voix. Elle consolait la sœur triste, demandait pardon à la place de la sœur coupable ou punie.

Rafqa percluse, se traîne seule jusqu'à l'église

C'était le matin du Jeudi de la fête du Saint-Sacrement, Rafqa disait à sa supérieure: "Si je pouvais assister à la messe, en ce jour de noble fête!". Les sœurs ont essayé de la transporter par les quatre coins du drap mais, elle a eu une douleur à sa hanche gauche, elles l'ont laissée dans son lit.

La messe commence, les moniales étaient à l'oratoire, Rafqa entre à l'église en rampant! Les moniales furent étonnées et émues, la supérieure s'élève pour l'aider, Rafqa lui signifie de la tête de la laisser entrer seule. Elle entre, on la fit asseoir sur un coussin.

Après cela, la mère supérieure lui a demandé: "Comment as-tu pu aller à l'église?" Rafqa répondait: "Je n'en sais rien; j'ai demandé à Jésus de m'aider. Et tout à coup je sentis mes pieds glisser du lit, je descendis à terre et me traînai jusqu'à l'église".

Récupérer la vue pour une heure

Un jour, mère Ursula Doumit, demanda à sœur Rafqa: "Tu ne désires pas voir notre nouveau monastère et ce qui l'entoure comme montagnes, forêts et beauté?

- Oui, je désire la vue au moins une heure, pour te voir.

- Une heure seulement, et tu redeviendras aveugle?

- Oui".

Le visage de Rafqa devient radieux. Elle dit en souriant:

- "Je vois! Dieu soit loué!

- Qu'est ce qu'il y a sur le dos de cette armoire?"

Rafqa, tournant son visage vers l'armoire, dit:

- "La Sainte Bible et le Pré des Elus". Et elle montrait du doigt les différentes taches qui se trouvaient sur le voile de son couvre-lit.

Mort de Rafqa

Rafqa a vécu 82 ans, dont 29 dans les souffrances. Le 22 mars 1914, Rafqa disait à sa supérieure: "Je voudrais dire au-revoir à mes sœurs les moniales et écouter leur voix avant ma mort".

Le matin du 23 mars 1914 elle demandait la Sainte Communion en disant: "Laissez-moi prendre avec moi ma provision", et les derniers mots prononcés par Rafqa étaient: "ô Jésus, ô Marie, ô Saint Joseph, je vous donne mon cœur, mon âme... Entre vos mains je remets mon esprit".

Après son enterrement, et durant deux nuits consécutives, une lumière se voyait sur ton tombeau.

 

III - LE PREMIER MIRACLE

La mère Ursula Doumit raconte le miracle suivant:

Je souffrais, depuis sept ans, d'une pustule à mon cou, sous le menton. Elle était aussi grosse qu'une noisette et me faisait bien mal, de sorte que je ne pouvais même boire du lait, et je sentais, continuellement, une céphalalgie.

Un soir, elle m'a causé une très violente fièvre. J'ai dit aux moniales de ne pas me réveiller pour la prière de minuit.

En dormant, j'ai entendu frapper à la porte de ma chambre, et une voix me disait: "Prend de la terre du tombeau de Rafqa, et enduis-en ta gorge". J'ai cru que c'était l'une des sœurs. J'ai dit: "Pourquoi vous ne me laissez pas dormir?" Personne ne m'a répondu. J'ai entendu la même voix répétant les mêmes paroles.

Le matin, après m'être informée auprès des moniales, j'ai compris qu'aucune d'elles n'était venue me réveiller la nuit. Alors j'ai pris de la terre du tombeau de Rafqa et l'ayant dissoute dans de l'eau, j'ai enduis la pustule.

Quand après cela, on m'a offert un bol de lait, je l'ai bu sans moindre difficulté. J'ai taté ma gorge, je n'ai trouvé aucune trace de la pustule. Dès ce moment, j'en étais complètement guérie.

C'est pourquoi les sœurs de la Bienheureuse Rafqa au monastère Saint-Joseph donnent de la terre du tombeau de Rafqa, qui continue à guérir tous les infirmes qui lui demandent avec foi.

Rafqa honorée sur les autels

Le 11 février 1982, sœur Rafqa fut proclamée Vénérable.

Le 17 novembre 1985, le Pape Jean-Paul II proclama la Vénérable Sœur Rafqa, la Moniale Libanaise Maronite, du monstère Saint-Joseph - Jrabta, Bienheureuse.

Le 10 juin 2001, le Pape Jean Paul II déclare Rafqa sainte pour l'Eglise universelle.

 

Nouveau tombeau

La veille de sa béatification, les saints ossements de Rafqa furent transférés dans un nouveau tombeau, en pierre taillée et en forme de lanterne, surplombée par la croix.

Ce nouveau tombeau, de couleur pourpre, mélange de rouge et de doré, symbole de la souffrance et de la gloire, se situe au fond de la chapelle du sanctuaire.

Ce tombeau/lanterne, qui contient les restes du corps de Rafqa nous inspire que Rafqa illumine notre chemin vers le Crucifié/ressuscité.

Il ressemble aussi à un navire qui porte un grand trésor, acheminé à travers les malheurs de ce monde, pour soulager les souffrants, et qui nous oriente, en même temps, vers le port du Christ, notre repos et notre salut.